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Quand j'ai embrassé un démon.

  • Mick-
  • Jan 13
  • 5 min read

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Un jour j’étais chez moi. Une journée normale, d’une année plus que normale… En fait, c’est ce que je croyais. J’avais oublié que le destin ne finira jamais de me rattraper. Alors j’étais chez moi, j’avais bu une bière, ou peut-être deux, et un moment donné, j’ai dû passer devant un miroir. L’objet était sombre; sombre en teinte, mais d’autant plus en émotions. Du coup, sans rien y comprendre, j’étais figé devant lui. Je me regardais, en fait, ce que je croyais être moi, et mon visage s’est mis à changer. Mon nez était pointu, ma peau était couverte d’écailles noires, rougeâtres et vertes. C’était comme si j’avais limé mes dents et qu’elles étaient comme celles d’une bête sortie tout droit d’un film d’horreur. Je sortais ma langue et elle était fendue en deux, comme celle d’un serpent. L’image qui se devait être terrifiante, ne faisait que paradoxalement me soulager.

 

J’avais reconnu ce démon, même si c’était la première fois que je l’avais vu de mes yeux, le sentiment d’être en sa présence m’était assez familier. Je suis resté là à le regarder, peut-être pour quelques minutes. Je pouvais enfin reconnaître celui qui me chuchotait dans l’oreille depuis toujours. La peur, la tristesse et la compassion s’étaient aussitôt transformé en tornade dans mon être et en son milieu se trouvait un tourbillon de feu. Je l’observai pour un moment, puis, après qu’il eut sifflé sur sa langue, il me dit : « Vient avec moi, J’ai besoin d’un ailier. Je vais bien te traiter tu verras, je t’amènerai le plaisir, tu le mérites ». J’étais bien conscient de ses intentions, mais par curiosité, j’acceptai aussitôt.

 

Il m’a alors tendu sa main, que j’ai saisi avec certitude, et il me tira vers le miroir qui m’a laissé passé par lui, comme par une porte grande ouverte. De l’autre côté, c’était la même chose. Lui, moi…Moi et lui. Pour la route, il me dit que c’était son monde; Que c’était sa réalité; que c’était à lui de contrôler. Je suis aussitôt entré à l’intérieur de lui, émanant une lumière en son cœur. Et J’ai donc décidé de lui laisser le contrôle absolu… tant et aussi longtemps que je gardais cette lumière. Au début, il semblait contrarié par ma seule condition, mais il me l’accorda en riant. Il ajouta : « Garde la bien en vue ». Puis, il siffla de nouveau.

 

On s’est mit à descendre des escaliers; Marche par marche, étage par étage. Je ne savais pas où j’allais. À chaque niveau de ce labyrinthe horizontal, il y avait des gens comme moi, à l’allure démoniaque, qui socialisaient. Comme je me connaissais, je n’ai pu m’empêcher de leur parler. Des gens formidables remplies d’amour. Des gens qui semblaient connaître les environs. En leur parlant, je me suis aperçu qu’ils se sentaient pris au piège. Quand je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont répondu qu’ils ont perdu leur lumière. C’était étrange, parce que je la voyais en leur cœur comme je voyais la mienne. Elles étaient toutes éclatantes; belles, fortes et réconfortantes. Même si j’ai réussi à le démontrer à certains d’entres eux, après quelques minutes, leurs démons les convainquaient du contraire. Ils ne semblaient ni voir la leur, et ni voir celles des autres.

 

Des histoires de fraternité, des histoires d’amour, des histoires de compassions sont nées en ce moment. Je dois avoir pris le temps de me lier d’amitié avec une centaine d’individus au moins, tous aussi brillants les uns que les autres. Des personnes que je n’oublierai jamais. Je peux bien parler des autres, mais même moi, j’ai eu un plaisir fou. Avec des nouveaux amis, une nouvelle famille, le temps s’était arrêté. Aussi bien qu’encore aujourd’hui, je crois y avoir passé au moins un an. Plus je descendais, plus j’atteignais d’autres niveaux, et plus j’éprouvais du plaisir. Et plus j’oubliais que j’étais cette lumière au cœur de ce démon. J’avais accès à tous les fantasmes possibles à chaque minute, à chaque seconde. Mais de l’autre côté je sentais le démon me convaincre que c’était légitime d’être en colère, jaloux, envieux ou anxieux. Que c’était mon côté humain et que je devais l’écouter pour « être normal ». Plus il me parlait et plus je le croyais, et plus ma lumière s’affaiblissait.

 

Rendu au fond, ce n’étaient plus des escaliers, mais bien un ascenseur qui m’amena au plus bas.  « DING » fit l’ascenseur, alors que ses portes presque fondantes par la chaleur de l’enfer s’ouvraient devant moi. Son vent infernal me fit perdre l’équilibre. Je me suis relevé aussitôt, examinant mes mains, ce qui m’a fait réaliser que je n’étais plus associé avec le démon. C’était juste moi… seul avec moi-même…en enfer.

 

Je voulais repartir, mais j’avais des questions. Je me mis à chercher ce démon qui m’avait guidé jusqu’ici. Il n’y avait plus de plaisir ici. Ce n’était que la peur, la haine, l’anxiété qui dominait. Un genre de souffrance que toutes les pauvres âmes que je rencontrais, s’infligeaient elles-mêmes, cherchant leur lumière partout, sans vraiment regarder au plus profond de leur propre cœur. C’était trop pour elles. Je tentais de leur parler, mais c’était comme s’ils ne m’entendaient pas. J’aurai aimé les sauver, c’est tout ce que je voulais, mais j’avais compris que c’était leur cheminement.  C’est là que j’ai décidé de rebrousser chemin et de rentrer à la maison.

 

En revenant vers l’ascenseur, je sentis quelque chose de familier. Je me sentais normal… Trop normal. Je me suis mis à réfléchir et j’ai réalisé que je me sentais exactement comme quand j’étais en haut, quand le démon m’habitait, devant le miroir. Il était là quelque part et je le savais. Aussitôt, je rentrai mon poing au plus profond de mon thorax, le pris par la gorge et le jetai sur le sol. Je le pointai du doigt en lui disant de rester loin de moi.

 

C’est à ce moment qu'il s’est mis à m’insulter, à pleurer et à crier de colère. Il me disait que je n’étais rien sans lui. Qu’il était mon ange gardien. Il me disait que j’avais besoin de lui pour survivre, pour expérimenter le meilleur de ce que la vie peut m’offrir. Comme j’avais fait toute ma vie. J’ai fermé les yeux et pris une grande respiration. Je voyais la lumière en moi devenir éblouissante. Des larmes coulaient sur mes joues alors que j’étais serein, j’étais calme. J’étais en paix… Enfin

 

Il tenta une dernière fois de se jeter sur moi, mais ma lumière le repoussa aussitôt et le rejeta par terre. Il savait qu’il ne pouvait plus rien faire.  Je me suis approché de lui, et je lui ai tendu la main pour l’aider à se relever. Avec la divine compassion qui m’envahissait, je l’ai serré fort contre moi, comme si j’allais le faire entrer de nouveau. « Merci pour tout ce que tu m’as apporté, je t’aimerai toujours, je n'aurais jamais été ce que je suis aujourd’hui sans toi, merci » dis-je. C’est alors qu’il s’évapora en cendre et en lumière, pour disparaître complètement. Je remontai aussitôt par l’ascenseur, saluant mes nouveaux amis à chaque niveau. Ils seront toujours gravés dans mon cœur. Je leur ai promis qu’ils pourront toujours compter sur moi. Arrivé chez moi, je repris le chemin du miroir, j’étais si fatigué, je me dirigeai droit vers mon lit. Juste avant de m’endormir, cette lumière à l’intérieur, celle qui m’apporte la paix, me chuchota à l’oreille « Dors bien, je serai toujours avec toi, si tu me reconnais en tout temps, en toi-même, mais dans les autres, même dans les démons ». Puis, je me suis endormit.

 

Mick-

 
 
 

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