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Présentes-lui l'autre genou.

  • Mick-
  • Jul 14
  • 5 min read
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L’autre jour, j’étais au bar, après le travail, avec des amis. En parlant avec l’un d’eux d’arts martiaux, au lieu de trouver les mots pour exprimer son opinion, son cerveau lui a juste dicté de me « kicker » le genou assez fort pour me le tordre. Ça m’a tout pris pour garder mon équilibre, et je remercie le ciel que les arts martiaux commencent à fortifier mes jambes, car ça aurait pu être pire. Je l’ai regardé dans les yeux, il n’avait pas l’air agressif, ni enragé; je respire, et je continue donc la conversation, puis je pars un peu plus tard. Le soir même, ce n’était pas si pire, j’avais oublié l’incident, mais au lendemain matin, je me réveille et je ne peux qu’à peine marcher!


Il existe beaucoup de différences à travers les croyances spirituelles. Pour ma part, j’aime beaucoup regarder ce qu’elles ont toutes en commun, quelle vérité globale on peut en tirer. L’une des leçons importantes, c’est d’être en paix avec soi-même et avec les autres, et d’être au service des autres comme d’être au service de soi-même. Bref, aime ton prochain comme toi-même ; la règle d’or. C’est de cette façon que Jésus s’est présenté comme le chemin, parce qu’il incarnait ce principe qui, selon lui, mène non seulement au salut de la personne, mais de l’humanité entière en amenant le royaume de son père sur la Terre. (Qu’on peut interpréter comme un monde parfait.) Mais la leçon qui semble être la plus farfelue, c’est de présenter l’autre joue après un premier coup.


« Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre. » Matthieu 5:39


Je pense qu’on interprète mal cette partie de l’évangile. On pense que Jésus voulait dire que si on se fait frapper, on doit inviter l’autre à nous frapper encore, ou encore qu’on ne doit jamais se défendre. Mais ces interprétations, selon moi, manquent de profondeur. Le vrai message est premièrement à propos de pardonner et de ne pas répliquer. Un coup d’un côté, c’est effrayant, c’est humiliant… Mais c’est toujours mieux que vingt coups de chaque côté. Si les êtres humains sont liés aussi intrinsèquement que je le crois, chaque coup est un coup supplémentaire à l’humanité en soi.


Siddhartha Gautama, aka Bouddha, quatre-cents ans auparavant, avait une histoire semblable avec quelqu’un qui l’avait attaqué. Il avait donc ordonné à ses disciples de ne pas répliquer, car le « karma » allait s’occuper de juger la situation, et je crois que c’est dans ce sens que Jésus prêchait de présenter l’autre joue. Car les plans de mon père sont parfaits au bout de la ligne.


Je sais que le sentiment de vengeance est inhérent à l’humanité. Je n’ai jamais enseigné la vengeance à mon propre fils, et pourtant, je vois que, quand il n’est pas content, il pense à se venger. C’est très normal. Mais la vengeance est une chaîne d’évènements qui ne peut être cassée que par le pardon et l’acceptation de la première personne qui veut se montrer plus forte. Parce que la vengeance est l’arme du plus faible.


Pour revenir à mon histoire. Au lendemain, j’avais du mal à travailler, j’avais du mal à seulement marcher. Mais je me suis surpris, en parlant de la situation avec mes collègues, à ne pas être en colère contre mon « ami ». À y réfléchir, j’ai vu dans ses yeux qu’il n’était pas agressif ou haineux, mais qu’il était juste inconscient dans sa façon de se chamailler et que c’était seulement une erreur malheureuse. Donc, est-ce que ça vaut la peine d’échanger encore plus de coups ?


Aussi, au travail, une cliente que je reconnais s’assoit au bar et, quand je lui demande comment elle va, elle prend une pause et je vois dans ses yeux qu’elle ne veut pas me mentir. (J’apprends plus tard qu’elle vient soudainement de perdre un ami proche.) Le genre de situation qui nous fait sentir, nous les « Bartenders », impuissants. Après quelques minutes, je décide donc de lui expliquer pourquoi je ne peux pratiquement pas marcher, et le caractère ridicule de mon histoire nous fait rire et blaguer tout au long de mon service. Ça nous a aussi amené à avoir des conversations plus profondes. Bref, si ma blessure a pu apporter un peu de soleil dans la journée pluvieuse de quelqu’un. Au bout de la ligne, je suis content qu’il m’ait frappé. C’est exactement ce que Bouddha signifiait. Les plans de mon père sont toujours parfaits.


Trois jours plus tard, quand la douleur a finalement quitté mon genou, je retourne au bar. Le même « ami » est là, je lui explique la situation, on en rit et on recommence à parler d’arts martiaux passionnément. Moi et lui, on s’est rapproché, et cette fois-ci, il n’a même pas pensé à frapper. Alors ce n’est pas parce que tu présentes l’autre joue que l’autre personne va nécessairement te frapper encore. Peut-être qu’il réfléchira deux fois avant d’agir et qu’il se sentira accepté. Peut-être même que c’est la seule façon de l’aider à gérer son agressivité ; À l’aider à guérir son trauma.


Après tout ça, j’ai demandé à Facebook si les gens étaient prêts à montrer l’autre joue. Et sans explication ou questionnement, la réponse était « non », ou « ça dépend qui ». Je sais que refuser de se venger est difficile, mais tout le mal qui se passe sur la planète est le résultat d’une vengeance après l’autre, d’un microcosme social à un macrocosme, et nous sommes les seuls qui pouvons briser cette chaîne en commençant par notre propre quotidien. Parce qu’une personne qui en blesse une autre, elle le fait principalement parce qu’elle a été, elle aussi, blessée auparavant.


Alors toi, serais-tu prêt à briser la chaîne ?


Ce qui m’a le plus surpris dans l’histoire, c’est que ça m’a pris du temps à réaliser que j’aurais pu être en colère et que ça ne m’a même pas passé par la tête de répliquer, verbalement, physiquement, ou même de l’enlever de ma vie. Bouddha disait que si tu fais quelque chose de « mal », fais-le jusqu’à ce que tu sois tanné de le faire. C’est un peu comme ça que je me sens. Je suis tanné qu’on ne prenne pas le temps de se comprendre, fatigué que tout le monde se juge sans écouter. Le pardon, l’acceptation ne devraient jamais être forcés dans la tête de quelqu’un. Le mal s’expire après de grandes respirations, et le cœur remplace l’espace vacant par l’amour et la paix. Mais c’est un exercice à pratiquer, jusqu’à ce que ça se fasse par soi-même, sans même y penser. Parce qu’une paix joyeuse, c’est ce que tout le monde cherche, et même si on pense que la vengeance peut nous rapprocher de ce but, ce n’est qu’une illusion maligne.


Si on veut vraiment un meilleur monde, on devrait le manifester dans notre vie, et ça commence par arrêter les guerres au quotidien.


Alors toi, serais-tu prêt à présenter l’autre joue ?

 

Mick-

 
 
 

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